Affiche des Féeries du bocage 2012

Livre I : La genese

La genèse des Féeries du Bocage     Les 2 et 3 juin 2012, avec les Féeries du Bocage, l’intemporel a de l’avenir ...

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Livre II : L'alchimie

L'alchimie... Contrairement à ce que croit le monde, les contes de fées chers à notre enfance comportent plusieurs niveaux d’interprétation. ...

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Livre III : Le temps du jeu

3ème édition des Féeries du Bocage : Le temps du jeu FEERIES 2014 video3 par les-feeries-du-bocage     Les albums photos de l'édition 2014 ...

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Livre IV : La metamorphose

    Après l’Alchimie, après le Jeu et  pour  sa quatrième édition, le festival des Féeries du Bocage  aura pour thème : ...

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Livre V : Les etres de la nature

  Les Êtres de la Nature.   Nous les avons croisés dans les contes de fées qui ont bercé de notre enfance, puis ...

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Livre VI : Chevaliers, princesses et dragons

Chevaliers, princesses et dragons   Nous retrouvons ces trois figures dans les mythes antiques, dans les légendes et les contes jusqu’aux films ...

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Livre VII : Le Bien et le Mal

Le Bien et le Mal   Un vaste sujet abordé en cette VIIe édition du festival des Fééries du Bocage :  Le Bien et ...

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Interview de Cent Alantar

Qui est Cent Alantar?

Cent est un Architecte qui a fait une excursion dans le monde de Disney après avoir travaillé pendant 8 ans pour le cabinet d’architecte du Roi du Maroc. Quand celui-ci est décédé, il a « tapé » à la porte de Disney. Et l’aventure a commencé….

 

Comment ça se passe chez Disney ?

Je ne connaissais pas ce monde. Je ne connaissais rien à l’animation des films. Dans cet univers, il n’y a pas de copinage. J’ai donc passé des tests, puis j’ai suivi  un apprentissage, et on m’a mis en mode production  pour le film d’animation Hercule : la scène du cyclope.

Après cela, j’ai pu participer à la production de Tarzan. Il a fallu partir aux usa pendant 5 semaines pour suivre  une formation. Leur technique est simple, sur le mur, plusieurs petits dessins basiques comme une bd, qui représentent la trame du film d’animation.  Chaque personne choisit une scène ou deux, et se « lâche » dessus afin de  créer un décor.

Il n’y a pas de charte graphique, la contrainte, c’est  toi et la scène. Tu fais ce que tu sais faire. Chacun est libre, chacun laisse la place à son imagination.

Après, les responsables des décors valident les séquences qu’ils préfèrent et qui correspondent le mieux à leur besoin. J’ai eu la chance d’être choisi pour les scènes où Tarzan saute dans les racines de l’arbre et celle, avec les singes, dans les troncs.

Le plus dur avec le dessin d’animation, c’est qu’il est fait pour les enfants donc il faut qu’il soit complet, avec une lecture facile.

Sur Tarzan, mon travail représente, environ, 20-25 mn de film, et entre 60 et 70 heures de travail par semaine, et cela pendant 3 ans. Le résultat était gratifiant, un vrai plaisir, c’était énorme.

 

Un projet qui t’a fait vibrer ?

En 1944, Disney a rencontré Salvador Dali. Ils avaient comme projet un film surréaliste  qui n’a pu se faire à cette époque. Plus tard, Roy Disney s’est rendu compte que les 3 toiles qui étaient destinées au projet passeraient dans le domaine public si elles n’étaient pas exploitées par Disney dans les 3 ans à venir.  Il a donc rassemblé une équipe qu’il a mise en compétition. Chacun a choisi une ou deux de ses 3 œuvres, pour ma part 2, et a laissé son imagination travailler. Je me suis lâché, l’avantage c’est que je connaissais l’œuvre de Dali et les interprétations de ses toiles. Je me suis fait vraiment plaisir, j’adore Dali.

Roy Disney est venu à Paris pour faire la sélection des dessins et mes deux « interprétations » ont été choisies. Du coup, j’ai eu la chance de pouvoir réaliser tous les décors de « Destino » un film d’animation de 6 mn  et, surtout, ma plus belle expérience.

 

La différence entre les USA et La France ?

Aux USA, ils prennent des risques. Le copinage ne compte pas, si tu es bon, tu peux monter en flèche. Il existe un esprit de compétition énorme.

En France, tu es une équipe. Au début, chacun bosse dans son coin. Mais, à la fin de la semaine, tous les dessins se retrouvent sur  le même bureau, en plein milieu, de la salle.  On synthétise, on se dit « Ah ! Tiens, ça, c’est une bonne idée » et on pique à droite et à gauche des trucs, on échange nos idées. Chacun a sa technique, mais, le partage permet d’apprendre. On s’enrichit du travail des autres.

 

Qu’est-ce que c’est un bon dessin ?

Un bon dessin, en général, c’est quand tu as un truc fort. L’exercice simple : tu démarres sur un détail, et après, tu relies les choses les unes avec les autres. Tu es dans l’imaginaire, tu fais le lien entre plusieurs choses aléatoires. Par exemple, tu fais une colonne, tu estompes, puis tu fais le détail. Tu fais bosser ton imaginaire, et ça donne un arbre dans un film d’animation 😉

La base de l’apprentissage, ce n’est pas de faire ton truc à toi, mais de copier la manière d’un autre.  Copier les grands maitres, c’est la meilleure des écoles. La différence sera dans ton caractère. Tu ne peux pas être la même personne que celui que tu copies, tu ne peux être un Rembrandt, un Goya ou un Turner qui est pour moi le Dieu de la peinture, mais tu peux apprendre d’eux. C’est comme une gamme au piano, tu apprends, tu appliques et après  tu peux jouer et, enfin, tu peux créer.

J’ai l’avantage d’avoir le bagage d’architecte  donc de pouvoir visualiser les choses en 3 dimensions.

 

Qu’est-ce que l’architecture ?

Être architecte, c’est créer une volumétrie. La particularité, c’est qu’il faut faire attention à l’endroit où on « transporte » les éléments notamment parce que   la lumière a toute son importance et que chaque élément a sa raison d’être.

 

Un exemple ou plutôt une création qui t’impressionne ?

La Sagrada Familia !  Un chef d’œuvre ! Gaudi  sculpte ! Il rentre dans la matière, dans le merveilleux, les couleurs et les teintes se connectent, c’est comme la vie ! C’est magique.

 

ARTiste ? ARchiTecte ?

En archi, Je suis spécialisé dans les perspectives. Ce qui m’intéresse, c’est le volume, pas les plans, ni  les façades. En dessin c’est pareil, pour moi ce n’est pas de la technique, c’est ton ressenti, ton cœur, tu fais parler tes émotions. Tout part de « l’heART » !

Ce qui est complètement diffèrent quand tu es architecte, c’est que  tu dessines en volume. Tu ne réfléchis pas au graphisme.  Tu rentres dans le dessin. Quand tu as acquis l’espace réel, un décor c’est un volume, c’est un espace qui créer un mouvement. Tu fais vivre ton décor. Pour moi, un décor réussi c’est un décor qui raconte lui-même l’histoire.

Mon art a évolué grâce à Disney, car il y avait un  esprit d’équipe, notamment, sur Tarzan.

En dessin,  si tu as l’intelligence de regarder  à droite ou à gauche ce qui ce fait, et surtout, d’essayer de comprendre le style et que tu te forces la main, tu apprends, tu te perfectionnes et tu  évolueras chaque jour.

Il y avait une règle chez Disney : le décor doit créer l’émotion !

Pour moi, tout part du cœur (de « l’heART »)   La technique n’est pas importante, quand tu as  l’émotion : tu as la création. Il faut créer un monde. On a besoin de vivre l’imaginaire. Les « Jules Verne » ça a cartonné car on est en plein imaginaire.

Quand je parle d’Art, je mets un A majuscule car Artisan, c’est un Art à part entière. Il n y a pas de différence pour moi entre ARTisan et ARTiste.

 

Que penses-tu de la nouvelle génération ?

J’ai l’impression que les nouveaux architectes ne savent plus dessiner.

On est dans une période où l’informatique a complètement tué l’imaginaire !

Notre génération des 50-55 ans est là pour rappeler les choses. Les 20-25 ans  ont la « niaque » mais ils n’ont pas la maturité.  Notre rôle est de leur donner les petits trucs qui vont les aider, leur donner le coup de pouce, leur donner accès à nos connaissances, à nos expériences.

Il faut savoir voir les choses, voir les petits détails. Les gens ne prennent pas le temps de regarder. Je prends plein de photos, comme ça, je récupère de l’imagerie, et cela me reste dans la tête,  un jour cela me servira.

Ce qui me dérange c’est l’ego de nombreux artistes, pour moi, cela tue tout. C’est gratifiant d’être reconnu mais l’objectif, pour moi, ce n’est pas ça. Un bon peintre, c’est celui qui est capable d’aller voir tous les autres peintres. Un bon architecte, c’est celui qui est capable d’observer et d’apprendre de ses pairs.

 

Un conseil que tu pourrais donner ?

Personne ne te donnera la clé, la clé c’est toi. Par contre, trouve la bonne serrure. Mets en 1ere ligne ta passion, ta passion de créer, ta passion d’imaginer et le reste arrivera automatiquement.

 

Tes projets ?

J’ai plein de projets, je suis toujours en ébullition. Je pourrai citer, par exemple, « Aquantica » qui est mon grand projet. J’ai imaginé un parc d’attraction dont le thème est l’eau. L’eau à travers toutes les époques, des décors qui traversent les temps et qui permettent de construire l’imaginaire.

Il y a quelques temps, j’ai aussi fait une affiche pour l’association Debra France qui se bat contre l’Epidermolyse Bulleuse, aussi appelé la maladie des « enfants papillons ». C’est une maladie orpheline génétique qui s’exprime sous de nombreuses formes. Des bulles se forment sur la peau ou les muqueuses et provoquent des douleurs comparables à des brulures du 3ieme degré. C’est une maladie horrible, il n y a pas de traitement. Les personnes atteintes, souffrent. J’ai voulu faire leur affiche car c’était  ma manière de faire quelque chose pour cette association, pour ces enfants et pour les personnes atteintes.

Et sinon, en ce moment et depuis le  22 avril, j’expose au showroom Sebeler et Un R dE dEco de Rémy Lavallée, quai des Bons- Enfants  à Epinal jusqu’au 29 mai. Ce que j’aime dans cet endroit, c’est qu’il est atypique pour une exposition.

 

Comment tu as connu les féeries et pourquoi y avoir participé ?

J’ai été invité il y a 3 ans.  Je découvrais complétement le truc. J’ai accepté car ce qui me plaisait dans les féeries du Bocage, c’était  l’imaginaire, et les gens qui amènent de l’imaginaire. Le festival évite de s’éparpiller, quand y va, on connait la thématique.

En ce moment, on est dans un monde où c’est dur, notamment avec les derniers événements (attentats), un festival comme les féeries du bocage ça fédère, ça rassemble. C’est sympa, et en plus, c’est dans la nature.

 

Pourquoi avoir proposé de faire l’affiche ? Comment l’as-tu composée ?

Avant tout, cela me faisait plaisir de faire cette affiche. Je voulais contribuer par le dessin à donner un coup de pouce à l’association.

J’aime l’esprit d’équipe que l’on peut ressentir quand on y est. J’aime le fait que  vous mélangiez les auteurs, illustrateurs et  Artisans … J’aime ce partage, ça fait avancer les choses… Ce qui  m’intéresse dans votre festival, c’est que  vous avez pleins de corps de métiers différents.

Le monde de l’artisanat est dur à vivre et je me dis que c’est à nous, illustrateurs, de mettre en avant leur travail, quand on peut le faire.

Mon père était peintre et ma mère était pianiste. Elle a toujours été dans l’ombre de mon père. Pour moi, c’est important de « mélanger » les mondes, les connaissances…

C’est pourquoi dans cette affiche, j’ai voulu intégrer plusieurs corps d’état. J’ai contacté  Zaloo créations avec qui j’ai sympathisé pendant le festival de l’année dernière. Comme j’aimais ce qu’elle faisait, j’ai voulu intégrer son travail. Puis, de fil en aiguilles, je me suis dit  pourquoi ne pas « insérer » une personne en plus, et là j’ai pensé à Alice Angosto, qui est 1ere Dauphine Miss Handi France 2015.

J’aime  cette idée de trouver les engrenages qui permettent de connecter tout le monde, de faire le lien entre les uns et les autres.

L’affiche prenait forme dans mon esprit :   3 éléments sur le même support : une Miss, un diadème et un dessin.

J’avais 2 alternatives, soit je rentrais dans le « système » lutins et animaux de la forêt, soit je sortais du « standard ». J’ai été tenté de faire les lutins,  mais j’ai plutôt eu envie de me faire plaisir. Mon « regART » a fait la différence, je voulais mettre en valeur les différents métiers  présents lors du festival, avec un côté humain en mettant en scène Alice Angosto.

Il y a une cohérence entre le thème « les esprits de la nature » et mon dessin : la forêt, le brame du cerf qui représente « l’appel de la nature », la femme  dont les ailes  se replient comme un nid, et le loup qui représente la meute, comme dans le festival, où il y a un esprit de famille et où tout le monde se retrouve. J’ai dessiné un loup blanc, symbole de paix.

 

Que penses-tu du festival ?

Pendant le festival, je suis souvent en balade, on me dit « va à ton stand » mais moi je préfère aller me balader, je flâne dans le monde de l’imaginaire…

Dans le monde de l’art, tout le monde ne s’apprécie pas, je me dis qu’un festival est sensé rapprocher les gens. Dans votre festival, il n y a pas d’ego, on a l’impression de venir en week end avec des copains, de se retrouver en famille,  il y a un côté bon enfant. On est détendu. Il n y a pas de prétention, on se réunit autour d’une même thématique, et on trouve les connexions. On échange. C’est fédérateur le partage. Le plus dur est de réussir à fédérer un état d’esprit.

Comme je le disais, ce que j’aime aussi dans votre festival, c’est les différents « métiers ou corps de métiers représentés ».  Ce festival est un patchwork imaginaire. Le fait que l’on mélange, auteurs, illustrateurs, artisans, troubadours, animations  et autres en déguisements, ça fait rêver ! Chacun amène sa petite buche.

 

Comment tu imagines cette année, comment tu te positionnes par rapport au thème, ta participation ?

C’est surtout l’état d’esprit ! J’aimerai que tous les participants se côtoient, échangent des idées, aillent  voir les différents stands, et éventuellement se disent «  Tiens, l’année prochaine, je  mettrai ça dans un de mes dessins, et toi tu le mettras dans un de tes bijoux » par exemple…

Le festival c’est une espèce de grosse chaine avec des maillons, il faut essayer de  faire connecter les maillons les uns avec les autres. Prévoir des échanges artistiques. Partager et  permettre aux uns et aux autres d’apprendre. Un échange qui permet de savoir pourquoi tu es arrivé là où tu en es.

Pour finir, je dirais que nous sommes responsable de ce que l’on apporte, nous devons emmener ce que nous savons faire, on doit donner,  échanger et partager.

Catégories: Actualités, Interview 2016