Interview de Richard Ely

Richard Ely est né en 1974 à Gand, en Belgique. Après une enfance sorcière en son Pays des Collines, à Ellezelles, il se passionne pour le folklore et le fantastique qu’il étudie à l’université.

Il se lance ensuite dans la création de magazines et festivals tels qu’ Anthêsis, Khimaira, Trolls & Légendes, les Journées Féeriques du 1er Mai et l’incontournable rendez-vous des amateurs de féerie : Peuple-feerique.com.

Il inscrit ses pas dans le sillage des univers de Thomas Owen, Claude Seignolle et Pierre Dubois (le parrain de notre festival ;))

Tout d’abord en quelques mots présentes toi ?

Je suis né dans la Flandre de Jean Ray, j’ai grandi dans le village sorcier d’Ellezelles, en Belgique, et depuis toujours je me passionne pour l’étrange.

Après avoir dirigé une revue sur les imaginaires, créé des festivals et des expos fantasy pendant une dizaine d’années, je me suis posé pour revenir à ma première envie, celle d’écrire.

Je suis également ethnobotaniste et guide nature de formation et c’est donc au croisement de ces deux terrains, le folklore et la nature que j’aime à faire naître encyclopédies féeriques et recueils de contes, poèmes…

Depuis quand participes-tu au festival des féeries et pourquoi tu as accepté d’y participer ?

J’ai participé à l’édition de 2013 et je reviens cette année avec grand plaisir.

C’est un chouette festival.

J’aime beaucoup l’ambiance qui s’en dégage et la pluralité des artisans et artistes présents.

Je ne fais pas beaucoup de festivals de par mes activités qui monopolisent beaucoup de week-ends, mais les Féeries du Bocage reste un incontournable !

Que penses-tu du thème de cette année « les êtres de la nature » ? Qu’est-ce que cela t’inspires ?

Cela m’inspire toute ma vie.

Pendant trois ans, j’ai parcouru les légendes et folklores du monde entier afin de comprendre et de remonter aux origines des fées, elfes, lutins et toute cette petite mythologie qui passionne les hommes depuis toujours.

Ce que j’ai pu apprendre, je l’ai retransmis dans Le Grand Livre des Esprits de la Nature paru aux éditions Véga/Trédaniel en 2013.

Cela a été un vrai travail de fond, une réelle nécessité pour moi.

De tous temps les hommes ont vécu avec des esprits liés à la nature, ils les ont nommés, décrits, redoutés, aimés… C’est passionnant !

Tu peux nous parler de ce que tu vas présenter au festival ?

Il y aura bien sûr ces encyclopédies sur les esprits, mon recueil de poèmes « Sur le chemin des fées », une forme d’écriture que j’apprécie tout particulièrement, mais ce sera l’occasion de présenter au public deux nouveautés.

La première, sortie aux éditions Au Bord des Continents, est une magnifique collaboration avec Séverine Pineaux et Amandine Labarre aux illustrations.

Le livre, « Merveilles et Légendes des Forêts Enchantées », propose dix histoires se passant dans dix forêts féeriques dont celle de Fontainebleau justement.

Et, chose extrêmement rare, nous serons tous trois présents au festival pour le dédicacer ! Un rendez-vous à ne pas manquer !

Le seconde nouveauté sera « Fées, diables et lutins à la croisée des chemins ».

Ce livre, écrit avec Véronique Barrau, une spécialiste des croyances paysannes et passionnée par les fées, aborde le sujet de tous les êtres que l’on peut rencontrer à un carrefour ou le long des sentiers.

Un point de vue très intéressant à découvrir. Véronique sera également présente au festival. Finalement, je me demande qui ne le sera pas ?

Quels sont tes projets ?

Je travaille actuellement sur plusieurs projets d’écriture, tous en lien avec la féerie bien sûr.

Il y aura sans doute des suites aux Grands Livres, j’ai tellement de documentation que ma maison s’est transformée en salle d’archives.

Mais ce qui m’occupe là pour l’instant, est un très beau projet rempli d’amour… Je n’en dis pas plus.

As-tu d’autres passions ?

Pas véritablement une passion, mais une manière de vivre.

Je passe beaucoup de temps en randonnée, dans la nature ou dans un verger sauvage un peu isolé.

Une façon de me ressourcer pour reprendre l’écriture ensuite.

Et bien sûr, je lis, beaucoup. Des auteurs fantastiques, des essais, de la littérature « classique ».

Qu’aimerais tu partager/transmettre au public qui viendra te voir lors du festival ?

Partager, c’est le mot. Quand je sors de ma grotte ou plutôt de ma forêt, c’est pour les gens.

Rencontrer des lecteurs, c’est toujours une très agréable expérience.

J’écoute ce qu’ils disent… Ce qu’ils ressentent à la lecture de mes écrits, mais aussi et surtout leur opinion, leurs idées sur la nature, la féerie… C’est très enrichissant.

Pour moi, grand timide, cela demande un réel effort et je suis toujours impressionné par les lecteurs qui m’abordent, mais j’en ressors à chaque fois le sourire aux lèvres.

Au moins, ça me change de mes conversations avec le nain qui se tient sur mon bureau… et dont les opinions sur le monde sont…euh…comment dire? Bref…

Qu’attends-tu de cette 5ieme édition ?

Je n’attends rien de plus que ce que j’ai connu lors de l’édition 2013 : du partage, des rires, des sourires, de la beauté et le plein de lumière.

Et maintenant un truc perso que tu n’as jamais dit à personne 😉 ?

Euh… il y a au moins une personne à qui je dis tout, donc pas de truc perso, de révélation incroyable ou de secret noir et profond… Désolé pour le scoop 😉

Les petites infos en plus :

« Le grand livre des esprits de la nature » est rempli de conseils rédigés par Richard Ely pour « faire entrer la féerie chez soi », notamment en laissant une place aux herbes folles.

Il a demandé trois ans de travail à raison de deux à six heures d’écriture par jour.

Il a été beaucoup comparé aux Grandes Encyclopédies (des lutins, des fées et des elfes) de Pierre Dubois, bien que Richard Ely ait tenu à ne pas s’en inspirer lors de l’écriture.

Les petites phrases que l’on a eu envie de piquer sur son site et de transmettre 😉 :

« Ce conseil m’avait été donné il y a plusieurs années par Pierre Dubois, lors d’une de nos interminables discussions chez lui, entouré d’esprits taquins et d’une nature sauvage que nous apprécions tous deux.

Depuis, cette phrase trouve d’année en année de plus en plus de résonance. Je n’ai jamais mieux ressenti un texte qu’au travers de la poésie. Le ressenti que j’éprouve en donnant naissance à un poème est identique à celui qui me remue lorsque je me retrouve seul au coeur d’une forêt, au bord d’un torrent ou en-haut d’une montagne. C’est la même confrontation avec la force brute et immense de la nature, le même sentiment qui mélange étrangement une solitude absolue et une communion parfaite avec ce qui m’entoure. De ce point de départ, j’essaye alors de tisser une histoire qui prend la direction de la joie ou de la tristesse, de la lumière ou de la nuit. Enveloppant mes mots de vie. Pour moi, à cet instant précis, j’aime à penser vivre la féerie… »

Et si vous voulez savoir de quel conseil il s’agit, vous n’aurez qu’à lui demander lors du festival des féeries du bocage 😉